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Les céramiques incassables

La céramique est un matériel qui accompagne la vie de l'homme à partir de la période néolithique quand il devient sédentaire ; le début de la culture des céréales et des légumineuses entraîne la création des récipients pour leur conservation après la récolte. C'est ainsi que les premiers vases en céramique naissent, ils sont caractérisés par des mélanges grossiers et des parois épaisses ; les formes des vases sont différentes pour divers usages, des récipients simples pour les liquides et les solides, des récipients pour la cuisson et la consommation du repas. Avec les siècles écoulés, les vases en céramique deviennent plus raffinés, les parois s'affinent, les formes se diversifient de plus en plus, et, à partir du Moyen Âge, on peut déjà trouver des vases en faïence. Pendant des siècles, les vases en céramique et après les vases en faïence restèrent les seuls récipients utilisés grâce à la matière première à bas prix, l'argile, et à la capacité acquise du processus de production. En réalité, bien que la consistance soit dure, la céramique se cassait facilement après une chute et nécessitait donc d'être remplacée par la nouvelle vaisselle. La différenciation entre les formes qui est passée au cours des siècles a mené à la production de la vaisselle à usage spécifique. La forme qui représente par excellence l'usage pharmaceutique est l'albarelle, un vase cylindrique à large goulot qui devient plus étroit au centre pour en favoriser la prise avec le cartouche qui indique le nom de l'herbe ou du composé médical gardé dans le vase. D'habitude les arbarelles étaient fermées avec un couvercle pour mieux conserver leur contenu, mais aussi peut-être pour limiter la diffusion de nombreux parfums. Toutes les pharmacies ou plutôt toutes les « épiceries » du couvent gardaient sur leurs étagères des dizaines d'arbarelles dont il nous reste encore une grande quantité aujourd'hui, excepté au Musée de Loreto Aprutino où il n'en reste que 53. Les couvercles ont eu un destin plus funeste, en effet ils ont été rompus avec l'usage; il n'y a qu'une arbarelle qui a gardé son couvercle au Musée! Lors de la visite au Musée, grâce aux cartouches, les élèves ont reconnu d'autres formes vasculaires utilisées dans les « épiceries »: les bouteilles et les jarres dont la forme est adaptée pour contenir du liquide. Ils ont aussi remarqué que les jarres avaient des dimensions plus grandes parmi tous les vases de « l'épicerie », les cartouches indiquaient qu'elles contenaient des tisanes de fenouil, d'anis, de lierre, de plantain, c'est-à-dire les remèdes utilisés le plus souvent à la différence des tisanes de menthe ou de Capillaire cheveux de Vénus gardées dans les bouteilles aux dimensions inférieures.


Selon l'utilisation, on trouve des formes spécifiques par exemple des petites tasses et vases de forme tronconique avec le goulot ouvert. Elles étaient utilisées pour contenir de petites quantités de liquide grâce à leurs dimensions. Le liquide consommé dans les petites tasses était le café, mais on buvait aussi du chocolat. On utilisait en particulier des vases spécifiques avec une large soucoupe et une cavité au centre pour placer la petite tasse et un bord étendu pour mettre les biscuits. Au début de leur diffusion, le café et le chocolat étaient considérés comme des médicaments, on attribuait des propriétés digestives au café et des propriétés énergétiques au chocolat et entre le XVIIe et XVIIIe siècle, on a commencé à les utiliser comme des boissons chaudes et prestigieuses.


Si on pense à l'usage quotidien de ces vases au cours des siècles et qu'on essaye d'imaginer l'ambiance dans laquelle ils étaient, on peut aussi essayer de « sentir » certains parfums et odeurs qui se percevaient aux « épiceries » des couvents. Pour cela, on a pensé reproduire quelques composés médicinaux qui étaient conservés sur les étagères et les offrir à ceux qui voulaient mettre à l'épreuve leur mémoire des odeurs. Il ne reste qu'un problème à résoudre. Étant donné la facilité avec laquelle beaucoup de vases se sont rompus, il faudra les reproduire avec un matériel plus résistant. Dans ce cas-là, c'est l'imprimante 3D qui peut aider avec ces filaments innovants reproduisant les modèles réalisés par les élèves et par l'expert qui a dirigé ces laboratoires.


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